LES DIFFERENTES TECHNIQUES POUR LA DECOUPE DE CARREAUX

De par sa résistance et son étanchéité, le carreau de faïence ou de grès cérame reste un matériau très adapté et très prisé dans la construction moderne. Cependant, de par sa fiable absorption d’humidité, la découpe du carrelage moderne peut s’apparenter à la découpe du verre : fragilité, ébréchage, netteté de coupe, déviance à la casse, etc…

C’est pourquoi il est important d’utiliser le bon outil pour le meilleur résultat. Il faut différencier la découpe du sciage et du forage, ainsi que les types de découpes nécessaires à l’installation d’une pièce d’eau. Faute de normes existantes sur la dureté et la résistance des carreaux, il faut respecter quelques règles et précautions que nous allons détailler ci-dessous. Avant toute découpe, pensez à vous entraîner sur une chute, afin de bien maîtriser le ou les outils et de tester le comportement des matériaux.

 

L’incontournable pour les coupes droites : le coupe carreau manuel

Les carreaux céramiques peuvent être découpés à l’aide d’un outil manuel, tel qu’un coupe carreau manuel. Celui-ci comporte une table, souvent habillée de tapis en caoutchouc, d’un ou deux guides (barres), rondes ou rectangulaires, sur laquelle coulisse une tête de découpe munie d’une molette (en carbure de tungstène) et d’un levier. Privilégiez les modèles à deux guides afin de mieux visualiser votre trait de coupe, même si ceux à une barre sont souvent plus rigides.

Tracez en premier la ligne à découper sur votre carreau. Insérez le carreau dans le coupe carreau, en butée sur l’équerre si le modèle en possède une, et faites bien coïncider la molette avec le trait repéré avant de serrer l’équerre.

Au moment d’entailler en poussant la couche dure de votre carreau, il convient de veiller à ce que celle-ci soit correctement entaillée à chacune des extrémités de la ligne de coupe. Cette entaille doit être effectuée d’un seul mouvement, à une vitesse régulière, et en exerçant une pression tout le long du trait de coupe mais sans excès (pour éviter toute flexion des guides). Cette opération a pour but de fragiliser la couche supérieure la plus résistante et de créer une amorce de rupture.

Le carreau est ensuite séparé en deux à l’aide de la patte de casse, ramenée en positon à cheval sur le ligne ainsi préparée. Une pression courte et franche permet une séparation propre et nette du carreau. Attention, notez bien que les coupes diagonales exigent une plus grande capacité du coupe carreau en longueur de table. Lissez soigneusement la découpe avec une pierre à poncer (A60), une brique ou une lime au carbure.

 

Précision et endurance : le coupe carreau électrique

L’usage d’un coupe carreau électrique permet une découpe nette et sans effort. L’outil se compose d’un bac à eau amovible, d’une pompe, d’une table inclinable à 45° (souvent chromée ou en inox), d’une lame cerclée de diamant synthétique et entraînée sur un arbre par un moteur électrique bien isolé, d’un cache disque de protection et souvent d’un guide de coupe parallèle. Suivant les modèles, l’outil peut comporter un guide coupe d’angle (onglet). L’usage d’eau présente le double avantage de refroidir la coupe et d'humidifier les poussières afin d'éviter leur soufflage. Lorsque l’on constate, après un certain temps, que le sciage des carreaux devient plus difficile et que la lame produit de plus en plus d’étincelles, elle doit alors être aiguisée à l’aide d’un bloc aiguiseur.

Le principe est donc une découpe diamant à chaud, refroidie par eau (projection d’eau dans l’axe de la coupe, après avoir rempli le réservoir). Le coupe carreau électrique ne tourne en général qu’à moins de 3000 tours minute. L’arrosage de la surface de travail est permanent, pensez donc à vous équiper comme pour un travail en milieu humide. N’omettez pas les lunettes de protection (pour les éclats et l’eau) ainsi qu’une paire de gants, nécessaires au guidage de la pièce à couper.

Il est en général conseillé d’utiliser ce type de machine pour des coupes rectilignes, angulaires, ou en série.

ATTENTION : avant toute intervention sur la machine, relisez bien le manuel d’instruction et débranchez-la avant de changer le disque ou de la laisser inactive.

Le guidage se fait en poussant lentement le carreau le long du guide parallèle réglé à la bonne distance de l’axe de la lame. Veillez toujours à ce que le niveau d'eau ne soit pas trop bas et changez-la lorsqu'elle est sale afin que la scie puisse bien fonctionner. Pour effectuer une coupe plus propre, vous ne devez pas forcer ou pousser les carreaux dans l'appareil. Au contraire, déplacez-les doucement vers la scie pour que celle-ci coupe à votre place. L'eau doit couvrir la lame à mesure que vous coupez. Enfin avec sa table mobile orientable à 45°, l’outil est idéal pour la découpe en biseau. Attention, la pression exercée sur la lame est plus importante pour une coupe en biseau (pour créer des angles rentrants notamment), donc procédez lentement en accompagnant régulièrement la pièce à découper et laissez bien refroidir la lame après l’opération.

Pour les carreaux de grande tailles ou les dalles, il sera préférable d’utiliser un coupe carreau radial, où la lame est insérée dans une tête de coupe mobile , guidée sur un rail et poussée par l’utilisateur au-dessus d’un réservoir d’eau stockée pour le refroidissement. 

La famille des pinces : arrondis, petites coupes et grignotage

L’usage de coupe carreau, électriques ou manuels, est primordial pour les coupes en série, mais n’est plus adaptée aux petites découpes et aux finitions. Il existe une famille diversifiée de pinces et tenailles dédiées à la découpe des carreaux ou des smaltes, qui opèrent un travail impossible à réaliser avec une machine. Effectuons un tour d’horizon des pinces dédiées au carrelage :

La pince à double molettes :

Avec ses deux molettes au tungstène souvent recouvertes de Titane, la pince à molettes est un outil d’abord dédié au petites smaltes et aux mosaïstes. En pressant les deux molettes sur la surface, on parvient à entamer la partie dure et à enlever par petites portions la partie excédentaire. La pince doit être tenue fermement par les extrémités des manches. Les molettes se changent facilement avec une clé allen. Cette pince est aussi donnée pour couper le verre, comme d’ailleurs la plupart des pinces à carreaux.

 

La pince à rogner :

Dite aussi "pince perroquet" (à cause de la forme de ses mâchoires), elle permet effectivement de rogner une bordure de carreau après une découpe. Utilisée avec patience et précision, elle sert également à réaliser de petits arrondis si nécessaire.

 

La pince de mosaïste :

Appelée aussi "pince Japonaise", elle est un grand classique de la pince à carreaux. Elle comporte deux mâchoires acier excentrées garnies de carbure de tungstène avec un ressort entre les deux. Les mâchoires sont décalées par rapport à l’axe des poignées et elles sont légèrement arrondies sur les côtés. Avec cette pince, il est possible de réaliser des arrondis (plus accentués qu’avec la pince Perroquet), mais aussi de couper des tesselles de petites tailles, en long ou en diagonale, en pressant simplement les mâchoires avec la main. Elle sert aussi pour la finition des douches à l’italienne.

 

La pince coupe carreau :

Véritable mini coupe carreau manuel, cette pince en reprend le principe à une plus petite échelle. Un angle à couper, une petite encoche et la pince coupe carreau s’impose. Elle est munie d’une molette carbure, de deux mâchoires comportant une patte de casse en accent circonflexe sur un côté. Il suffit de rayer le carreau avec la molette, puis de le glisser sous la patte de casse et de le séparer en serrant les poignées gainées. 

Nous avons abordé ici les pinces les plus classiques, mais il existe d’autres variétés de tenailles et de pinces dans le commerce, offrant plus ou moins les mêmes fonctions.

Sciage manuel : il ne tient qu’à un fil

Oui, mais un fil en tortillon d’acier revêtu de carbure de tungstène. Le principe de la scie fil est de pouvoir percer une large ouverture, quelle que soit la forme désirée, à l’intérieur d’un carreau (pour une conduite d’eau, un support ou un bras de fixation par exemple). On perce d’abord le carreau avec la pointe de la scie (également en carbure), en se servant de l’effet vilebrequin de sa forme. On démonte ensuite le fil de la scie que l’on passe à l’intérieur du trou réalisé et il ne reste plus qu’à remonter le fil sur le montant de la scie pour effectuer le découpe interne. Il est important d’avoir un mouvement lent mais régulier lors de la coupe. La finition s’effectue avec une pince perroquet et une lime.

 

Perçage des carreaux : des trépans et des mèches

Quand on perce un carreau, il faut veiller à ne pas exercer une pression trop importante sur la perceuse, en gardant à l’esprit la fragilité du carreau tant qu’il n’est pas posé sur un mur ou un sol. Il est donc conseillé de poser une croix avec du Chatterton ou deux morceaux d’adhésif à l’endroit où l’on souhaite percer et maintenir le carreau sur une planche avec des pointes. L’usage de forets dédiés au carrelage (avec carbure) est bien entendu recommandé.

Pour les perçages plus importants, tels les niches pour interrupteurs et prises, on utilisera une scie trépan avec le diamètre nécessaire, ou une mèche extensible au diamètre réglable. Il faut toujours démarrer à faible vitesse. L’idéal est bien entendu de percer le carreau avant qu’il soit posé. Il est conseillé de plus d’humidifier la zone de découpe, ce qui évitera les fissures lors de l’opération. La perceuse doit être maintenue bien verticale.

A présent, à vos pinces, prêts, carrelez !